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La « petite utopie » européenne du Créarc

Par Jean-Baptiste Auduc
Publié Mardi 21 juin 2016

Photo : Fernand Garnier, fondateur du Créarc et Romano Garnier, directeur du Créarc

28ÈMES RENCONTRES DU JEUNE THÉÂTRE EUROPÉEN
MAIRIE DE GRENOBLE

Théâtre et politique, une association vieille comme… l’invention du théâtre ! La preuve une nouvelle fois en ce début juillet avec la vingt-huitième édition des fameuses Rencontres du jeune théâtre européen, organisée comme toujours par les Grenoblois du Créarc, Centre de création de recherche et des cultures. C’est-à-dire ?

Seize compagnies de onze pays différents pour une semaine de programmation théâtrale : voilà en quelques chiffres le festival organisé par le Créarc et qui se déroulera dans divers salles grenobloises. Mais les Rencontres du jeune théâtre européen, c’est avant tout un rassemblement sans égal de jeunes qui aiment et pratiquent le théâtre. Comme chaque année, les compagnies débarquent à Grenoble avec leurs créations, toutes visibles gratuitement. La plupart du temps, elles sont jouées en langue maternelle. L’occasion d’entendre des monologues en anglais, des diatribes en espagnol ou des échanges en hongrois (pour les plus polyglottes).

« On peut parler de petite utopie. Parce que faire travailler ensemble 200 jeunes avec des langues différentes n’est pas facile » assure Romano Garnier, qui chapeaute le Créarc. Cette utopie, on la retrouve notamment dans la déambulation de fin de festival. Tous les acteurs répètent une partie de la pièce durant la semaine du festival. Le rendu a lieu le vendredi 8 juillet, en mouvement dans toute la ville. « Artistiquement, comme on n'a pas beaucoup de temps, ce n’est pas forcément très abouti. Mais il y a une vraie énergie qui se dégage des 180 jeunes comédiens présents. »

« Une Europe des peuples et des cultures »

Pour cette 28e édition, la "chose" politique reste au cœur du festival avec, pour la déambulation, Ubu Roi, pièce d’Alfred Jarry parue en 1896. « On a travaillé sur le thème de la montée des totalitarismes, avec le franquisme, puis le nazisme. » De quoi se rappeler l’ambiance politiquement tendue des derniers mois ? « En Europe, il n’est pas évident qu’on puisse éviter un réveil des nationalismes. C’est à ce moment-là qu’un Ubu peut apparaître » explique Romano Garnier qui, comme beaucoup, érige la culture en rempart contre les obscurantismes.

Le lendemain de la parade (le samedi), un débat sur les crises européennes aura lieu : social, économique, de la Grèce, des migrants… « Lors de ces Rencontres, on se rend bien compte que l’Europe n’est pas qu’une entité économique. C’est avant tout une Europe des peuples et des cultures. » Cette Europe-là, on pourra donc également la voir en mouvement autour de cafés-débats, de 14h a 15h30 dans les locaux de l’Association Amal. Chacun pourra alors échanger sur les spectacles vus pendant le festival. Enfin, un concert donné au Jardin de Ville fera se rencontrer les jeunes théâtreux et Divercities, le festival des rencontres musicales internationales. Deux conclusions pour le prix d’une – et tout ça, on le répète, gratuitement.

Rencontres du jeune théâtre européen
À Grenoble du vendredi 1er au dimanche 10 juillet

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